The Kinks est un groupe de rock anglais des années 1960. Fondé à Londres en 1963, c'est, avec The Beatles, The Who et The Rolling Stones l'un des plus grands groupes de cette période. Certaines de leurs chansons sont devenues des classiques, telles que « Waterloo Sunset » « You Really Got Me », « Sunny Afternoon » et « Lola ».
Deux frères, Ray Davies et Dave Davies, grandissent dans Muswell Hill, quartiers pauvres et insalubres de Londres. De cette enfance auprès des petites gens, les deux frères vont en retirer des conclusions bien différentes : L'aîné Raymond deviendra très critique, secret, voir même renfermé; le plus jeune sera toujours pénétré d'une profonde rage et d'un besoin de profiter le plus de sa condition. Les deux frères fréquentent volontiers les pubs, enviant les bluesmen et les musiciens de skiffle qui s'y produisent.
Ray, continuant ses études, opte pour une école d'art britannique qui fleurit dans l'Angleterre des années 1960. Un enseignant l'incite à faire quelque chose de ce don qu'il possède, son talent pour l'écriture.
C'est alors qu'il suit l'idée de son frère de fonder un groupe de musique. Dave persuade son ami d'enfance Peter Quaife de se joindre à eux pour tenir la basse. Une annonce est alors passée dans la presse musicale spécialisée pour recruter un batteur. Ils choisissent Mick Avory, ancien batteur des The Rolling Stones. Le groupe joue des classiques de blues américain dans les pubs, et porte le nom de Ravens. Un soir de l'année 1963, Larry Page les remarque et leur propose de devenir leur gérant. Dès leur entrée dans le monde du show biz, les membres du groupe se font remarquer. Leur accent très « londonien » (pour ne pas dire prolétaire), leur comportement et surtout leur look leur valent souvent des quolibets. Un matin, Ray Davies affublé d'une cravate orange et son frère Dave (avec ses cheveux de plus en plus long) croisent un arrangeur du son; celui-ci les interpelle « you look like kinks? »(vous avez l'air bizarres, extravagants, efféminés..)Une légende est née.
Dans leur nouveau studio de Londres, The Kinks et le producteur Shel Talmy (également producteur des The Who) enregistrent cinq chansons, quatre sont édités en deux simples 45 tours. Ne rencontrant aucun succès, le contrat qui les lie à la société PYE risque de ne pas se renouveler si rien ne se passe pour le disque suivant. Selon la légende, Ray retouche alors l'une de ses composition, alors que Dave lacère de rage son amplificateur, lequel produit un son distordu jamais entendu alors. You Really Got Me est né. Ce sera le succès de l'été 1964 et la « poule aux oeufs d'or » des The Kinks, chanson considérée comme un manifeste par beaucoup.
Suite à ce succès, un album éponyme est enregistré, et un nouveau single All Day and All of The Night est commercialisé. Nouveau succès, les magazines musicaux s'arrachent la nouvelle coqueluche britannique. Les plus mods surtout. Les Kinks volent de succès en succès puisque leur deuxième album Kinda Kinks vend encore mieux et que les critiques remarquent le talent de Ray Davies en tant que compositeur. En 1965, une guerre médiatique voit le jour avec The Rolling Stones, Dave Davies et Keith Richards se provoquant mutuellement.
Au sommet de leur popularité, drainant à chacun de leur passage de véritables hordes de fans en délire, le groupe se voit décerner le prix des lecteurs du N.M.E (New Musical Express) devant les Beatles, et ce après un concert mythique ayant réunit à Wembley toute la fine fleur du rock anglo saxon : Beatles, Animals, Rolling Stones, Yardbirds, Hollies, Herman Hermits... Les Kinks sont alors considérés comme le second meilleur groupe anglais au coude à coude avec les Rolling Stones !
Après une tournée épuisante en Europe, ils débarquent aux États-Unis. Tout semble sourire au groupe : les disques se vendent bien et les admirateurs se bousculent à leurs concerts. Cependant, sur scène, ils se déchirent, se battent, s'insultent et provoquent la foule. Ils sont alors bannis du continent par un comité d'artistes. Le marché américain leur échappe. Ils ne feront pas partie de la British Invasion.
Lassé au bout d'un moment de son propre son, maintenant isolé sur son île britannique, dans une époque de changement très créative sur le plan musical, le groupe se met à explorer d'autres voies, pour trouver sa propre personnalité. La réputation de Ray Davies s'affirme : il sera bientôt reconnu comme un des plus grands paroliers et chanteurs du rock britannique.
Des chansons comme Fancy et See my Friends utilisent bien avant George Harrison les effets de musicalité indienne, les paroles de cette dernière sont des références à peine voilées à l'homosexualité latente de certains mods.
Ray va d'ailleurs, dans sa quête de description de l'Angleterre de son époque, brocarder ses propres fans. Ainsi Dedicated Follower of Fashion est une chanson à succès qui narre avec acidité ces jeunes Anglais du « swinging london ». Petit à petit, les petites vignettes pop deviennent plus complexes et plus critiques. Le groupe devient alors le plus anglais des groupes anglais.
En 1966, The Kinks enregistrent Dead End Street, qui raconte la vie des habitants d'une impasse de Londres, le clip de l'époque sera tellement lugubre (les membres du groupe déambulent dans les rues d'un quartier sombre, vêtus en croque-mort) et véhément contre les collecteurs d'impôts, qu'il est interdit. Fin 1966, Face to Face, précurseur des albums-concept, se vend mal, en raison notamment de la commercialisation par PYE d'un « Best of » du groupe à la même période.
En 1967, le groupe est sensible à la vague psychédélique « enchantée », tout en la critiquant. Il continue à aligner de petits bijoux pop : Sunny Afternoon (critique pseudo-comique des rentiers), Waterloo Sunset, Mister Pleasant et l'étonnant Lazy Old Sun, qui fera le bonheur des programmateurs de radio français. End of the Season, au style délibérément rétro, annonce leur nouvelle ligne, empreinte d'une grande tendresse pour les vertus d'humilité et de simplicité des classes moyennes britanniques. Cette ligne se trouvait déjà en germe dans A Well-Respected Man et David Watts. Elle sera concrétisée dans l'album Something Else by the Kinks.
A partir de 1968, le groupe perd de son influence au Royaume-Uni. Ses chansons, si typiquement « british » perdent la faveur du public qui se tourne vers les nouveaux courants : la musique progressive, puis le glam rock. La sortie de l'album The Village Green Preservation Society (1968) n'est pas étranger à cette défaveur : il semble se vouloir en contrepied total au Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band des Beatles : éloge de la vie simple, des classes moyennes, de la vie naturelle de la « country » britannique et, même, de la virginité des jeunes filles.
L'époque n'est pas disposée à ce genre de discours, et la qualité musicale et thématique de l'album ne sera reconnue qu'un quart de siècle plus tard. Les membres du groupe entrent une nouvelle fois en conflit, les frasques de Dave Davies, la santé mentale de Ray Davies (le départ de sa femme le plonge dans une sorte de schizophrénie) et Peter Quaife, le plus mod du groupe, qui ne comprend plus la voie vers laquelle s'oriente The Kinks, décide de partir. Mick Avory pousse les autres à embaucher son ami Dalton pour tenir la basse. Le groupe suit desormais les volontés de Ray Davies, qui ne jure plus que par les albums concept.
La qualité des albums va déclinante. Il faut néanmoins citer des chansons comme Victoria et Mr Churchill Says. En 1970, le succès revient de façon éphémère avec Lola. Les chansons tournent majoritairement aux États-Unis jusque dans les années 1980. Le groupe profite d'un certain renouveau véhiculé par les Jams et les Pretenders : reprise par les Jams de David Watts, de Van Halen de You Really Got Me et des Pretenders de Stop Your Sobbin'.
Le groupe se sépare ensuite. Néanmoins, d'autres albums suivront dans les années 1980 et 1990, et les frères Davis continueront de collaborer et de donner des concerts de façon occasionnelle jusque dans les années 2000, ensemble ou séparément, ou lors d'évènements spéciaux.